Eliza Au est originaire de Vancouver (C.-B.). Elle a obtenu son diplôme de baccalauréat en beaux-arts du collège d’art et de design de la Nouvelle-Écosse et a fait ses études de maîtrise en beaux-arts au collège de céramique de l’État de New York à l’université Alfred. Elle a été boursière du Conseil des arts du Canada et a enseigné dans divers établissements au Canada et aux États-Unis, dont l’université d’art et de design Emily Carr, le collège d’art et de design de l’Alberta et l’université de l’Iowa. Elle a participé à des résidences à la fondation Archie Bray pour les arts de la céramique de Helena (Montana), au studio de poterie Greenwich House de New York (New York), au musée d’artisanat contemporain de Portland (Oregon) et au musée du verre de Corning (New York). Elle est actuellement professeure invitée au collège de Monmouth, en Illinois, pour l’année universitaire 2016-2017.
Eliza Au
Déclaration de l’artiste
Le titre, Mesure infinie, peut faire référence à la position et aux coordonnées x, y et z de l’objet, ainsi qu’à la façon dont les mouvements de l’observateur modifient ce qu’il voit. Le mot « mesure » nous porte aussi à faire l’étude des méthodes d’analyse de notre expérience du monde, en plus de refléter le désir très humain de mesurer la nature en fonction de notre corps.
L’observation de ces œuvres est une activité méditative. La complexité nous encourage à nous perdre dans l’entrelacement des aspects géométriques et à contempler la notion de l’infini. Celle-ci est représentée de diverses façons. D’abord, par le motif répétitif qui évoque le symbole de l’infinité, la lemniscate. Ensuite, par la structure de l’œuvre d’art, qui suggère une grille modulaire ou un mouvement circulaire, cyclique. Enfin, par la relation entre le bidimensionnel et le tridimensionnel, quand les motifs en plans sont disposés l’un à la suite de l’autre, ou sur les plans des x, des y et des z.
Les objets faisant partie de cette exposition s’apparentent aux jalis ou aux écrans perforés, qui permettent au regard du spectateur de passer de l’extérieur à l’intérieur de l’objet, vers la multiplicité d’ombres créées par l’éclairage directionnel. L’exposition proposée explore plusieurs frontières conceptuelles : la frontière entre l’ancien et le nouveau — l’ancien étant représenté par des motifs répétitifs en arabesque qui évoquent le design islamique et le nouveau par la technologie numérique employée pour concevoir et réaliser les objets —, la frontière entre les matériaux — soit le verre, la céramique et l’allusion au fer forgé —, et la frontière entre l’architecture et l’industrie, d’une part, et l’artisanat ainsi que les objets fabriqués à la main, de l’autre.
Je produis des formes qui agissent comme des lignes dans l’espace et des motifs qui se reflètent et se reproduisent les uns les autres dans une sorte de danse, de mitose artificielle. Le fait de travailler au moyen de la conception assistée par ordinateur (CAO) change la façon dont je crée et visualise les œuvres. L’espace liminal entre l’ordre et la complexité constitue une marge où le jeu et la découverte sont possibles grâce aux règles des algorithmes et de la conception paramétrique. L’interface numérique offre ses propres surfaces et textures intrinsèques, comme la structure filaire, les pixels et les surfaces maillées que nous percevons visuellement. Les processus de conception et de production sont coordonnés, les traits dessinés en mode CAO étant gravés dans le bois, puis moulés dans l’argile. Je cherche à transposer la structure filaire dans le monde physique en employant les processus de l’artisanat, comme la préparation de moules en plâtre et l’estampage de l’argile.
Les motifs que j’élabore ont un lien étroit avec l’art ornemental historique, plus particulièrement avec les motifs en arabesque. Je m’intéresse au parallèle qu’établit l’arabesque entre les motifs islamiques traditionnels et la structure filaire contemporaine de la CAO. La structure sous-jacente de la grille polaire et de la grille carrée sert de cadre à la création de mes motifs. L’application de la structure filaire à l’argile rend la structure et l’ornement inséparable. Je flirte avec l’impossible en aplanissant l’argile en feuilles minces, sinueuses et perforées, ce qui me permet de construire des structures qui évoquent la fluidité et rappellent l’architecture contemporaine. L’utilisation de lignes ondoyantes pour définir la structure et l’espace reflète la culture générale, qui considère cette esthétique comme une métaphore du progrès et de l’avenir. Un rythme méditatif émerge de la répétition de l’arabesque dans le motif et de la répétition des plans bidimensionnels. La régularité des plans perforés suscite un sentiment d’aise et de légèreté. Les objets ainsi créés semblent dissociés de la masse et de la forme, l’œuvre étant définie par l’espace négatif autant que par l’espace positif. La couleur et la composition produisent des dualités formelles, notamment par l’utilisation du noir et du blanc, du chaud et du froid, ainsi que des dégradés.
Par mon travail, j’explore la façon dont les ornements architecturaux anciens et actuels participent à la notion de l’espace sacré. L’ornementation et l’abstraction ont une étroite relation, l’ornementation constituant à la fois un stimulus visuel et un véhicule pour les normes et les idéaux d’une société. Historiquement, l’ornementation architecturale des mosquées islamiques établissait un lien entre la répétition infinie et la divinité. De nos jours, la ligne fluide, la complexité et l’ornementation sont réapparues en architecture contemporaine, entre autres dans les œuvres de Mark Foster Gage et d’Evan Douglis, mais sans aspect religieux explicite; elles représentent plutôt des idéaux utopiques relativement à la société.
Ce qui me motive à créer ce type d’œuvres, c’est l’élégance, la beauté et l’équilibre que représentent pour moi les relations mathématiques et qui, selon moi, s’adaptent bien aux défis techniques de l’argile. De mon point de vue, ma démarche est similaire à la résolution d’une équation mathématique. Je tire ma satisfaction de la découverte de nouvelles voies, de nouvelles preuves qui mènent vers de nouvelles expériences esthétiques. Mon travail se fondant sur la géométrie, les processus numériques me permettent de créer un nombre infini de variations à l’intérieur d’un champ de jeu grand ouvert. Mon travail constitue également un exutoire à mon besoin de découvrir, de prendre part à l’acte méditatif qu’est la création, mais sans lien direct avec la croyance religieuse. Notre époque est comme toutes les autres époques avant elle : la technologie actuelle nous sert à réinterpréter l’ornementation de nos ancêtres et à adapter à nos besoins le sens qu’ils lui donnaient. Dans cette perspective, le squelette peut nous servir de métaphore pour l’ornementation; il est la colonne vertébrale de notre identité et, grâce à l’abstraction, il présente des sens codifiés concernant la production et les valeurs culturelles.
Eliza Au is originally from Vancouver, B.C. and received her BFA from the Nova Scotia College of Art and Design and her MFA from the New York State College of Ceramics at Alfred University. She has received grants from the Canada Council for the Arts and has taught at several institutions in Canada and the United States, including the Emily Carr University of Art and Design, the Alberta College of Art and Design and the University of Iowa. Residencies she has attended include the Archie Bray Foundation for the Ceramic Arts (Helena, MT), Greenwich House Pottery (NYC, NY), The Museum of Contemporary Craft (Portland, OR), and the Corning Museum of Glass (Corning, NY). She is currently a Visiting Professor at Monmouth College in Monmouth, Illinois, for the academic year of 2016-2017.
Eliza Au
Artist Statement
The meaning of the title, Infinite Measure can reference position and co-ordinates (x,y and z axis) of the object and how the audience’s view shifts and changes according to their movement. The word, “measure” also investigates ways of analyzing our experience of the world, and also reflects on the human desire to measure nature by the measure of our bodies.
Viewing pattern is a meditative activity. Complexity allows us to lose ourselves in the interweaving of geometric aspects and contemplate ideas of the infinite. The idea of the infinite is represented in several ways. First through the repeating pattern that alludes to the infinity symbol, the figure 8; second, through the structure of the artwork, which references a modular grid or circular, cyclistic movement; and lastly, through the relationship between the two-dimensional and the three-dimensional where planes of pattern are placed arranged consecutively in a row or on the x,y and z planes.
The objects included in the exhibition are similar to a jali or a perforated screen, which allows the viewer’s gaze to wander from the exterior to the interior of the object and also to the multiplicity of shadows which are created by directional lighting. The proposed exhibition investigates several conceptual boundaries; the boundary between the old and the new, the old represented by repeating arabesque patterns akin to Islamic designs, and the new represented by the use of digital technologies to plan and execute the objects; the boundary between materials, namely glass, ceramic and the reference to wrought-iron; and the boundary between architecture/industry and the hand-made object/craft.
I create forms that act as lines in space and patterns which mirror and replicate each other, seemingly in a dance of artificial mitosis. Working digitally in CAD (computer aided design) affects how I create and view artwork. The liminal space between complexity and order allows room for play and discovery through the rules of algorithms and parametric design. The digital interface has its own inherent surfaces and textures such as the wireframe, pixels and meshes which we experience visually. The planning and production process work in sync with each other, through line drawings in CAD which are engraved in wood and eventually cast in clay. I am interested in bringing the wireframe surface into the physical world through the processes of craft, such as plaster mold making and press molding clay.
The designs I create have a close relationship to historical ornament, particularly to the pattern motif of the arabesque. I am interested in how this motif draws a parallel between historical Islamic patterns and the contemporary wireframe structure in CAD. The underlying structure of the polar and square grid serves as a framework to create my patterns. Working with the wireframe structure in clay, structure and ornament become inseparable. Flirting with ideas of impossibility by pushing the clay to become planar sheets that are thin, sinuous and perforated, I am able to build structures that reference fluidity and contemporary architecture. The use of the undulating line to define structure and space reflect a larger culture who equates this aesthetic as a metaphor for progress and the future. A meditative rhythm is seen through the repetition of the arabesque in the pattern design and the repetition of the two-dimensional planes. A sense of lightness and effortlessness is created by the regularity of the perforated planes; the objects created seem to be divorced from mass and form as negative space defines the work as much as positive space. Formal dualities are made through color and composition; such as the use of black and white; warm and cool, as well as gradations in the work.
My work investigates how past and present ornament in architecture engages in the idea of sacred space. Ornament and abstraction have a close relationship, ornament acting as visual stimuli and also as a vehicle for social norms and ideals. Historically, architectural ornament within the Islamic mosque drew a connection between infinite repetition and ideas of divinity; in contemporary architecture such as in the work of Mark Foster Gage and Evan Douglis, the fluid line, complexity and ornamentation have re-emerged, without explicit religious ideas, but utopic ideals about society.
I am motivated to create this work as I find elegance, beauty and balance within mathematical relationships and find this works well with the technical challenges of clay. I view my process as similar to solving a mathematical equation; I gain satisfaction from discovering new pathways or proofs to new aesthetic experiences. Because my work is geometrically based, I find working digitally allows me to create an infinite number of variations within an open field for play. My work provides an outlet for my need to discover and participate in the meditative act of making without a direct connection to religious belief. Our epoch is the same as all other epochs before us, using current technology to re-interpret ornament that has come before us and modify their meanings to fit our own purpose. The skeleton may act as a metaphor for ornament; it serves as the backbone of our identity and through abstraction it presents coded meanings of cultural production and values.
Vernissage:
Thursday April 6, 5 pm to 8 pm
Works will be on display from:
April 6 – May 14 2017
Vernissage :
Jeudi 6 avril de 17 h à 20 h
Les œuvres seront exposées du :
6 avril au 14 mai 2017